DE LA VISIBILITE ET DE LA LISIBILITE DE L’ELITE INTELLECTUELLE BENINOISE DANS LES DEBATS DE SOCIETE
GBAGUIDI J-E Ph, D MA/CAMES
Introduction
La philosophie (entendue comme réflexion sérieuse sur les questions de la vie) n’est pas un loisir intellectuel et universitaire en dehors de la Cité. Cette opinion exprimée par Théophile OBENGA, s’accorde si bien avec l’invite du philosophe et égyptologue Burkinabé SOMET Y. qui dit : « Les africains sont invités à s’installer à l’intérieur de la philosophie, c'est-à- dire à la réflexion sérieuse, autonome, radicale pour que le Sens ait lieu, pour que la vie change. Il y a l’urgence africaine d’un nouveau paradigme...Dans la droite ligne de CHEIKH Anta DIOP , ce jeune penseur vient ainsi de rappeler à l’élite africaine le rôle hautement historique qui est le sien dans les mutations attendues sur le continent noir, un continent qui baigne dans les crises multiples, et qui a délégué par procuration tacite (son silence et son indifférence) aux ‘’laboratoires’’ étrangers la réflexion
sur sa condition et les voies et moyens de s’en sortir.
Le silence, une communication équivoque, sinon plurivoque qui mérite d’être investi et analysé. Alors quelle lecture faire du silence de l’élite intellectuelle béninoise sur les grandes questions à l’ordre du jour ces dernières décennies ?
Pour le sens commun, le silence est absence de parole, dite ou écrite. En Afrique et dans certaines cultures d’ailleurs, le silence est magnifié. Nous avons tous en mémoire des formules telles que « le silence est d’or ».
En journalisme, au cours des entretiens ou entrevues, le silence est analysé comme un espace de production de réflexion nécessaire, réservé à l’interlocuteur et respecté par l’animateur. Ce silence précède donc l’expression d’une pensée ou d’une opinion. Mais il peut aussi se révéler une technique de fuite en avant. Une telle lecture du silence est possible, et justement parce que, le silence en tant que comportement appartient à la typologie des communications dites non verbales, par conséquent, porteuses de sens et de signification
1qu’il faut rechercher dans chaque contexte précis. Car si comme le disait PASCAL : « il y a une éloquence du silence qui pénètre plus que la langue ne saurait le faire », cette éloquence est loin de la transparence.. L’opacité « objective » du silence en tant que phénomène humain induit un message polysémique ou disons-le ainsi, plurivoque. Cette analyse appliquée à une ‘’couche sociale’’ comme celle de l’élite intellectuelle béninoise, permet d’ébaucher une typologie sommaire du silence de l’intellectuel béninois..
Evoquer l’absence au Bénin, de débats d’importance sociale ces dernières années, de manière générale, et à l’heure actuelle, en particulier, est un euphémisme. Si un semblant de débat existe, il est porté, voulu et animé par le politique qui, on le sait, objectivement, ne peut qu’être subjectif, partisan et propagandiste. Mais, encore plus, le débat social voulu et porté par le politique et mené par des hommes de médias aux compétences relatives et approximatives s’est appauvri considérablement. Certains canaux de communication (radios et télévisions) sont devenus des lieux de
‘’jeux interactifs’’, de débits à flux permanents de productions ‘’cinématographiques et musicales’’ réalisées en dehors de toutes règles de l’art et des normes sociales. des publicités et des conseils de gourous et magiciens de temps nouveaux ont fleuri.
Les questionnements
Et pourtant, les préoccupations dans la Cité sont nombreuses. On ne saurait dresser la liste les grandes thématiques de société qui auraient pu avoir le mérite d’être débattues en ces moments de profondes mutations sociales et politiques. Mais qui peut mieux, susciter ces grands débats si ce ne sont pas les intellectuels ?
Qui sommes-nous et que souhaitons nous devenir dans cinquante ans ?
Le libéralisme et l’économie de marché nous garantissent-ils le bien- être ?
Quel type de libéralisme ?
Le développement, que renferme ce concept ?
La lutte contre la pauvreté, qu’est-ce qu’on y met ?
La protection de l’environnement, comment y arriver ?
Quelle école pour nous ? Pour quelle éducation et quelle compétence ?
La famille, quelle famille et quel type de famille pour quelle société ?
L’esclavage moderne existe-t-il réellement au Bénin ? Comment y faire face ?
Autant de questions, d’interrogations sur lesquelles le silence de l’élite intellectuelle béninoise est tenace, et à la limite « inquisiteur ».
II- Des constats et des faits
Comprendre ce comportement, et, tout comportement a valeur de communication, tel est ce qui a motivé cette réflexion. Mais il n’y a pas eu que cette observation du comportement des intellectuels. D’autres faits existent aussi et viennent renforcer notre opinion sur la nécessité d’une réflexion sur la lisibilité et la visibilité des intellectuels dans le débat social au Bénin.
Nous avons le privilège de rendre compte des productions
scientifiques et littéraires sur une émission de la chaîne nationale de notre pays. Au nombre des multiples réactions qui nous parviennent à la suite de la diffusion des émissions, quelques-unes ont retenu notre attention
Après une émission qui a eu pour thème ‘’ Education et Culture’’ deux téléspectateurs ont réagi en faisant remarquer la caducité des théories de l’interlocuteur invité. En réponse, nous leur avons proposé de faire leur remarque par écrit en proposant leurs versions et grille de lecture des phénomènes culturels; seule condition pour leur permettre d’être invités afin d’en donner exposé sur notre émission. Contrairement à notre attente, l’offre fut déclinée et pour cause : Les critiques de mon émission ne voulaient pas avoir des problèmes avec mon invité. Nous rappelons qu’il s’agissait bien de débat scientifique ! On ne peut pas, ne pas s’interroger, dans un tel contexte sur le rôle et la fonction de l’élite intellectuelle dans le débat social c’est à dire dans la production de la pensée sociale.
Beaucoup de réactions du même type, ont été enregistrées par rapport à d’autres émissions et sur des thèmes divers... A chaque fois, nous avons enregistré les réactions comme : ‘’ Je ne suis pas de son avis mais, je préfère me taire. Pour engager une polémique avec un béninois, il faut être sûr de pouvoir la remporter sur tous les plans’’
En fin, un autre phénomène ou fait, qui a motivé cette réflexion, est ce que nous avons, de manière un peu ‘’arbitraire’’, dénommé la thésaurisation du ‘’savoir’’
Notre travail dans les médias nous a permis aussi de rencontrer des chercheurs, des penseurs et autres producteurs d’œuvres de l’esprit, qui affirment que les résultats de leurs recherches ou de leurs réflexions sur certaines questions d’importance sociale, ne seront publiés qu’à titre posthume par leurs progénitures. Et bien, pourquoi un tel comportement dirait-on ?
III_ Contexte sociopolitique de formulation de la problématique
a_ contexte politique
La fin de la guerre froide et le dégel des tensions entre les superpuissances du monde, la disparition du Mur de Berlin entre l’Est et l’Ouest ont provoqué des changements sociopolitiques dans les pays du Sud, qu’on a vite fait de qualifier de « renouveau démocratique » depuis les années 90. Cette expression du « renouveau démocratique » à non seulement une charge symbolique forte, mais aussi des implications pratiques pour et dans tous pays dits de « démocratie nouvelle ou rétablie ».
Au Bénin, pays de la première Conférence nationale des forces vives de la nation, et qualifié de laboratoire de la démocratie, la Constitution du 11 décembre 1990 consacre la liberté de pensée, d’opinion, de réunion et de presse. Le renouveau démocratique a libéré la parole et libéralisé l’espace médiatique.
La libéralisation de l’espace médiatique a favorisé la prolifération des canaux de communication, donc des supports de l’information. Une multiplication des contenants, qui n’a pas été suivie d’une production decontenus de qualité susceptibles d’animer et d’enrichir le débat social, combien important pour une société en mutation comme la nôtre.
b_ Contexte socioculturel
Placer notre problématique dans le contexte socioculturel africain, et par transition béninois, permet de déceler la mission doublement importante qui incombe à l’élite intellectuelle qui de toute évidence semble ne pas la remplir correctement.
. L’approche socioculturelle d’étude des sociétés humaines de Margaret Mead une anthropologue, en prenant pour critère de classification " la culture", distingue trois types de sociétés. A savoir:
« Les cultures de type postfiguratif [la continuité dépend de ce qu'on attend de l'ancien et des empreintes presque indélébiles que cette attente laisse dans l'esprit des jeunes.
Les cultures de type cofiguratif : les aînés gardent une situation dominante, en ce sens qu'ils fixent le style et
défissent les limites à l'intérieur desquelles la configuration peut s'exprimer dans le comportement des jeunes... C'est la sanction des aînés qui compte et non celle des pairs.
Les cultures de type préfiguratif se caractérisent par la prévalence de l'inconnu et l'absence d'absolu ou de modèles préétablis orientant les comportements et les attitudes des individus. Aucune génération ne sait, de façon privilégiée, de quoi, l'avenir sera fait, de sorte que ni l'ancien, ni l'aîné n'ont de modèles à imposer aux changements rapides et d'une ampleur inconnue jusqu'à présent. Le développement de cultures pré figuratives dépendra de l'existence du dialogue continu dans lequel les jeunes, libres d'agir de leur propre initiative, pourront conduire leurs aînés sur la voie de l'inconnu... La culture pré figurative souligne le rôle irremplaçable des jeunes dans
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l'affinement de l'avenir incertain. (....)1
Une analyse, même la plus superficielle à la lumière de cette classification, nous révèle qu'au Bénin cohabitent les deux premiers types de cultures,: deux types qualifiables de rural, ou pré industriel marqués par le poids du passé et le rejet de l’ innovation, avec pour conséquence le respect rigoureux des modèles ancestraux, et des aînés. Ce qui compte, c’est ce que pense, dit et fait l’aîné. Le modèle de comportement reste et demeure celui de l’aîné, qui dans les cultures de type postfiguratif et cofiguratif est vu comme le vecteur des valeurs du milieu, le garant desdites valeurs, mais aussi comme le seul capable de maîtriser le futur. L’aîné n’établit pas que les règles de comportements, il les transmet à la génération montante qu’il rassure et protège par devoir. Or, depuis 1990 des mutations sont en cours au Bénin. Mutations devant conduire à la modernisation de la vie sociale et
1 AGUESSI H. Unesco, l’affirmation de l’identité culturelle. Paris. p. 18
politique. Et l’élite politique a besoin de se nourrir des idées produites par les intellectuels. Mais, l’élite intellectuelle béninoise, jadis très active et très en verve est méconnaissable.
Dès lors des interrogations surgissent et interpellent l’observateur de la vie sociale au Bénin. Des interrogations qui à leur tour imposent la formulation d’un certain nombre d ‘hypothèses de travail.
IV _ Hypothèses de travail
Nous nous sommes donc permis quelques hypothèses dans le cadre de cette réflexion qui est sous-tendue par une longue période d’observation et d’entretiens avec cette catégorie qui constitue la couche de population à qui cette réflexion est consacrée. Nos observations ont aussi eu pour cible les hommes des médias, que nous nous permettons de considérer comme les partenaires naturelles et alliés incontestables de l’intellectuel.
Ainsi, émettons-nous les hypothèses (la première est considérée comme la principale, les deux autres comme des hypothèses secondaires) que voici :
1- La faiblesse de production intellectuelle, orale ou écrite, chez nous, est due à l’absence de volonté de transparence, de lisibilité, d’exposition des intellectuels.
2- Le silence est le signe évident de la perte de crédibilité de la part des intellectuels
3- Le silence de ceux qui sont censés être les énonciateurs du futur, comme le dit E. Morin (les intellectuels) devient une stratégie de survie et un message décryptable.
V _ Cadre définitoire
On ne saurait aborder notre problématique, celle du silence des intellectuels au Bénin sans un minimum de clarification du concept même de « l’intellectuel » : Ce thème en apparence bien connu est souvent galvaudé. C’est pour cette raison que nous pensons ici qu’une clarification du concept s’impose. Alors, qu’est-ce qu’un intellectuel ?
a - le sens courant de « intellectuel »
Utilisé comme un adjectif, il désigne ce qui se rapporte à l’intelligence, à la connaissance ou al’entendement*2 , ainsi on parlera de faculté intellectuelle, de développement intellectuel, de pratique intellectuelle, de mouvement intellectuel (mouvement d’idée), liberté intellectuelle (liberté de pensée). Selon Le Petit Robert, vers fin XVIème siècle , utilisé comme un nom, un intellectuel est celui qui a un goût prononcé pour les choses de l’intelligence, de l’esprit, celui chez qui prédomine la vie intellectuelle, c’est à dire cérébrale, par opposition au travail manuel
Utilisé au pluriel, les intellectuels sous-entendent une classe, l’élite intellectuelle, qui est l’équivalent de l’Intelligentsia selon le même dictionnaire. Une définition qui n’est pas éloignée de celle que propose le dictionnaire philosophique, qui préfère parler de ‘’ groupe social composé des individus dont le travail est essentiellement intellectuel et qui sont : les ingénieurs, les médecins, les avocats, les artistes, les enseignants, les écrivains, les chercheurs scientifiques. Comme nous pouvons donc nous en apercevoir, nous sommes toujours dans une approche étymologique du terme.
2 * Petit Robert 2006
Une approche tout à fait non productive dans le cadre de ce travail. Néanmoins, la relation établie ici avec le mot russe intelligentsia ouvre d’autres perspectives de définitions
b°_ le sens éthique de « l’intellectuel » : approche russe ( intelligentsia )
La juxtaposition de deux termes est intervenue en Occident, en France plus précisément au 20ième siècle après l’affaire de Dreyfus et surtout avec la publication du ‘’ Manifeste des intellectuels’’. Ce manifeste consacre la définition de l’intellectuel comme :
« Celui qui a la volonté d’agir sur le monde par
influence »3
Certes, ce dernier a des qualités, sur lesquelles nous reviendrons plus tard dans notre développement. Avant cela, nous allons interroger l’histoire russe afin de cerner le terme intelligentsia
Véronique Garros, une chercheuse française qui s’est intéressée à la question, affirme que le
3 HUYGHE F-B. Comprendre le pouvoir stratégique des médias, p.34
mot « intelligentsia » ne peut être rendu par un simple exercice de traduction. Encore plus, elle soutient qu’il s’agit d’un phénomène propre en Russie tsariste, et historiquement unique en son genre et au contexte culturel russe. Une opinion que partage Y ouri Levada, qui s’insurge contre la tendance qui consiste à trouver une égalité entre les deux thèmes (intellectuel et intelligentsia). Pour ce dernier, « intelligentsia » (russe ) a ses caractéristiques propres et qui font d’elle une notion différente de l’intellectuel occidental, vu comme un produit des pays industriellement développés et intégré à la classe dirigeante ou dominante. Pour Levada, l’intelligentsia exprime et reflète la pensée et les préoccupations de toutes les couches sociales et leur donne une expression nouvelle. L’intelligentsia russe par son mode de vie, à toutes les étapes de son évolution, s’est imposée comme une opposition idéologique au gouvernant, allant parfois jusqu’à l’extrémisme. Ce type d’intelligentsia historiquement se situe dans la période comprise entre les années 60 du 19ième et les années 20 du 20ième siècle
L’histoire de l’intelligentsia russe dans son évolution, permet de parler d’une structure sociale triangulaire définie comme suit : le peuple objet et serviteur, le pouvoir oppresseur brutal et conservateur, exploitant l’ignorance des masses contre le progrès et l’intelligentsia. Entre eux, l’intelligentsia elle-même produit du progrès, qui se donne pour rôle, une fonction sociale comprise comme une mission, celle de changer l’ordre existant, si possible jusqu’au sacrifice suprême pour le bien-être de la masse donc, au nom du bien commun.
Analysée ainsi, l’intelligentsia devient donc une catégorie éthique ou morale, en tout cas une catégorie beaucoup plus morale que sociologique, professionnelle ou même académique. L’éthique comprise
comme :
« Davantage la bonne volonté, l’estime de soi que la
discipline et l’obéissance »4... Nous dirons à ce niveau, après
cette exploration du concept que
4 Ibidem
l’intelligentsia, selon l’histoire russe, est l’intellectuel qui a refusé de servir l’arbitraire, l’obscurantisme et qui le démontre par ses actes, ses prises de positions publiques. Il est celui qui fort de son savoir et de son savoir-faire, s’impose un savoir-être, sur le plan social. Il a de la visibilité dans la société, puisqu’il intervient partout pour, refuser l’inacceptable, pour protéger le faible contre le fort, pour apporter la lumière là où il y a l’obscurantisme, le savoir là où il y a l’ignorance. L’intelligentsia russe est lisible. EIle est classable comme aimait à me dire mon professeur BOUDANSEV Y .P . EIle choisit son camp, celui du peuple, et le peuple le sait. Autrement dit la visibilité de l’intelligentsia dans la société, lui donne une lisibilité.
c_ fonction de l’intellectuel
De tout ce qui précède nous pouvons déjà avancer l’opinion selon laquelle « l’intellectuel » synonyme de « intelligentsia », est une personne qui à des compétences avérées, qui fait autorité en son domaine et qui se met au service d’une juste et noble idée par
la seule certitude morale Il est socialement actif et un ‘’bénévole’’ de la cause humaine. C’est l’idée que soutient Rouquette M.L quand il écrit : « L’intellectuel intervient dans les affaires publiques armé d’une compétence ou réputation acquise ailleurs. Il rentabilise en droit d’intervention sur la scène publique les dividendes d’une œuvre antérieure » 5
Et il résume si bien, me semble t- il, la mission première de l’intellectuel lorsqu’il écrit :
« L’intellectuel de Sartre (plaidoyer pour les intellectuels) engagé, toujours en situation entre dominants et dominés, ne pouvant ‘’ s’évader’ ’ même par le silence, produit de son temps, vivant sa contradiction ‘ l’universel et le particulier) et la dépassant.
L’intellectuel organique selon Gramsci est engagé au service d’une cause
L’intellectuel critique (Ecole de Francfort) est le dénonciateur du système et de l’idéologie dominante,
5 HUYGHE F-B. Comprendre le pouvoir stratégique des médias, p.18
même si sa protestation n’a qu’une valeur de témoignage moral. »6
La somme de tous ses fragments de définitions donne une idée claire de ce que nous entendons ici par « intellectuel » et ajoutons que la dynamique sociale ne peut que s'appuyer sur la synergie des trois forces que sont l'élite du pouvoir, l'élite de l'avoir, et bien sûr, celle du savoir, c'est-à-dire les intellectuels. L’élite du pouvoir organise et gère la vie de la collectivité. Celle de l'avoir entreprend, mène les affaires qui produiront le pain à la société. Et l'élite du savoir est une usine à produire les idées d'importance sociale, économique, et politique. C'est elle qui nourrit spirituellement et intellectuellement l'élite du pouvoir et de l'avoir. Elle est, ce que Edgar MORIN appelle
"Le descendant d'une antique tradition celle des prêtres-mages, énonciateurs de la vérité sacrée, producteurs des idées d’importance sociale / gardiens des mythes "7.
6 Ibidem p.19 7 MORIN E. Pour sortir du XXème siècle, p.242
De ce point de vue, nous dirons comme l’autre qu’il y a une grande différence :
« Entre intellectuels habilités à dire le vrai et le bien et ceux que les premiers auraient autrefois considérés comme des amuseurs : artistes ‘’non créatifs’’ et autres représentants de la culture de masse »8
VI_ Repères théoriques a _Agenda setting Ce travail s’appuie sur quelques
postulats scientifiques. Et ce afin de mieux conduire notre réflexion sur le binôme médias /intellectuels.
L’étude de la relation qu’entretiennent les mass médias avec la société moderne fait apparaître selon la théorie de « l’agenda setting » inaugurée par McCombs et Shaw, que les médias ne disent pas comment penser ou ce qu’il faut penser, mais, ce à quoi il faut penser dans la cité.
Ainsi la fonction agenda ou agenda setting est définie comme une capacité propre aux mass médias :
8 HUYGHE F-B. Comprendre le pouvoir stratégique des médias p, 19
celle qui consiste à déterminer ce qui, à un moment donné, et dans une société déterminée, fera débat, à sélectionner les évènements et les sujets auxquels s’intéressera l’opinion et ou les décideurs. Faire agenda, constitue une attention indirecte de l’attention à visée médiatique, intellectuelle ou politique, voire diplomatique comme le dit HUYGHE F-B. Et il poursuit en disant :
« Elle permet de choisir le terrain, de lancer les sujets et de fixer les termes des discussions ou négociations. Indépendamment de leur qualité ou de leur objectivité ou de leur façon de traiter l’information, les médias contribuent à la construction de la réalité »9
Mais le pouvoir des médias va au-delà de la simple capacité de sélectionner ce qui apparaît comme important aux yeux des média. Ils ont d’autres atouts, que sont :
« D’une part, ils décident de ce qui apparaîtra comme significatif ou urgent, en cherchant une spirale de l’attention (plus on en parle, plus c’est important, donc plus on en parle
9 Ibidem, p.4
D’autre part les médias posent les termes et les catégories dans lesquelles sont représentés les acteurs et les attitudes( les autorités, les experts, les protestataires, les intellectuels, l’homme de la rue) ce qui ne contribue pas moins à formater la vision que l’on se fait de la réalité 10»
Et la conclusion est évidente :
« Cela équivaut à décider de ce qui sera événement, information et enjeu. Structurer et diriger l’attention du public, lui dire à quoi penser, serait une des fonctions principales des médias Du même coup ils font aussi l’agenda de la classe politique ou de la classe ‘’ discutante’ ’ (les intellectuels), et y établissent une hiérarchie, (ce qui est médiatisé, ou non médiatisé) »11.
Alors il faut bien que quelqu’un fasse l’agenda des médias. Si les intellectuels, n’ont pas le monopole de faire l’agenda des médias, il est tout à fait évident, que nous ne saurions les exclure, des réseaux légitimes habilités à faire l’agenda des médias. Car nous l’avons dit plus haut, l’intellectuel est
10 ibidem 11 Ibidem,p.5
une ‘’usine’’ à produire des idées d’importance sociale.
La présentation de cette théorie, de « la fonction agenda » montre déjà à quel point les mass médias et les intellectuels sont et ne peuvent être, que deux faces d’un même et unique phénomène : la socialisation des citoyens. Les uns sont appelés à produire les idées, à inventer le futur, les autres ont pour mission de les diffuser, de les vulgariser, de proposer à la société des modèles pensés et construits par ces derniers, grâce à leur compétence, mais surtout à leur capacité d’anticipation des choses, des situations et des phénomènes sociaux..
b_ Médias et fonctions sociales
Au début du siècle dernier à la question de savoir à quoi servent les médias dans les sociétés modernes, les adeptes du courant de la "Mass communication research" ont répondu qu'ils étaient "des instruments indispensables à la gestion gouvernementale des opinions". Un des pionniers de ce courant, Lasswell, dans cette perspective, attribue trois fonctions majeures aux médias, a12
savoir: La surveillance de
l'environnement La mise en relation des parties de
la société La transmission de l'héritage
social d'une génération à une autre.
« La fonction "surveillance", correspond selon ce chercheur à la collecte, au traitement et à la mise à disposition du public les nouvelles. La mise en relation, comme fonction est l'étape de l'interprétation de l'information, interprétation souvent suivie de prescriptions de conduites. Enfin, par fonction de transmission d'héritage social, Lasswell entendait assimilation des gens vivant dans une société, ce que Wright appelle plutôt processus de socialisation »12
Près d'un demi-siècle après Lasswell, A. Moles écrit que :
"Les mass médias transforment la culture moderne en présidant à la circulation et au renouvellement permanents des idées...Celles-ci suivent un circuit dont l'élément moteur est constitué désormais par les médias. Ces
derniers, en un sens constituent le système qui systématise la culture."13
Le rôle des médias dans le fonctionnement de la société moderne est ainsi mis en exergue par différents chercheurs. Les médias rendent lisibles les aspirations, les occupations, et les préoccupations de la société. Et visibles les acteurs agissant individuellement, ou en réseaux.
Tout ce qui précède nous permet de dire ensemble avec ROUQUETTE M-L que la communication est au-delà de la technique, de la stratégie. La communication est au cœur de la vie humaine et sociale. La communication nourrit le corps social. Nous ne pouvons pas imaginer, construire la communication en dehors des médias, nous ne pouvons pas analyser la pensée sociale, sans y intégrer les médias. Nous ne pouvons pas imaginer la communication sociale, la pensée sociale sans le rôle central de la couche intellectuelle
« L’analyse de la communication ne se ramène ni à des aspects purement technique, ni à des dynamiques seulement interpersonnelles. La
12 LAZAR J. Sociologie de la communication, p.34
13 BALLE F. Médias et société, p.559
communication est avant tout l’instance de transmission, de l’élaboration et de transformation de la pensée sociale c'est-à-dire de la pensée des sociétés sur elles-mêmes »14.
Alors, qui mieux que l’intellectuel, peut et doit participer, contribuer à la construction de la pensée sociale, si par définition, il est porteur de l’expression des vues et des préoccupations de la grande masse ignorante ? Ce rôle a été déjà mis en évidence par le sociologue LAZARSFELD dans ces travaux sur les médias, travaux qui lui ont permis d’inventer le concept de guide, ou leader d’opinion.
c_ La théorie des relais : two steps flow of communication
Cette théorie sur les effets des médias soutient l’idée selon laquelle les messages diffusés par les médias atteignent d’abord des personnes plus exposées, plus intéressées, qui à leur tour répandent autour eux dans une relation de proximité, les messages ‘’mastiqués’’ et ‘’digérés’’. D’où l’idée de la communication en escalier ou de
la communication à deux niveaux de diffusion. Ainsi a été mis en évidence une ‘’race’’ particulière de personnes appelées : les guides d’opinion.
. « Ces personnes appelées guide d’opinion jouent un rôle important dans le processus d’influence. Elles opèrent comme des filtres de pertinence en répercutant seulement (ou surtout) ce qui dans les médias se rapporte à des thèmes valorisés et impliquants pour la communauté qui est la leur . Elles connaissent par ailleurs les mots de la tribu et sont ainsi capables de traduire en termes accessibles et familiers en usant de références quotidiennes ce qui resterait autrement incompréhensible, rébarbatif »15
Et cette personne appelée « guide d’opinion », a bien des caractéristiques, dont essentiellement peut se résumer en ces termes :
« Rien ne le désigne particulièrement comme agent de propagande qui aurait un intérêt objectif à tenter de forger ou de modifier l’opinion de leurs proches. Les guides d’opinion ne s’appuient sur
14 ROUQUETTE M-L. La communication sociale, p.6
15 Ibidem, p.69
14
aucun statut formel défini, ce ne sont pas nécessairement, loin s’en faut « les responsables » « les élus » « les supérieurs » ou des notables, mais plutôt des voisins, des copains, des gens de la famille et les connaissances.
En conséquence, leur action tout improvisée s’exerce dans un cadre occasionnel, généralement celui de la conversation entre ami ou entre collègue, convives partenaires de jeux usagers de même service et non dans des cadres institutionnels16
VII_ l’intellectuel un guide visionnaire
a_ l’intellectuel crée des utopies : clarification du concept d’utopie
L’intellectuel se reconnaît par trois qualités : il a une compétence qui lui confère une notoriété (il a du savoir, du savoir-faire), il est réactif (savoir- être) ne peut même pas s’évader par le silence, enfin il est simple, (il a un langage à la portée du grand monde, du profane qu’il veut servir, c’est à dire un
16 ROUQUETTE M-L. La communication sociale, p.70
langage accessible. Ce sont ces qualités qui font de lui un homme semblable aux mages, qui, parce qu’ils « savent beaucoup, ont su, en voyant l’étoile dans le ciel, décrypter le message et marcher vers le sauveur qui est né » l’intellectuel est visionnaire. Il fait de la prospective et nourrit de grands rêves pour les humains. Il invente des utopies au sens noble du thème.
C'est le moment de dire que la tragédie de la grande majorité des êtres humains de nos jours réside dans leur incapacité, et peut-être, dans l’absence de volonté de sortir de l'ordre établi, du vieux système, des schémas reçus en héritage. Cet état de chose fait que, nous manquons nous-mêmes d'imaginer tout ce dont l'intelligence humaine est capable. Et quand nous parlons de " possibilité", c'est déjà une manière de reconnaître sa relativité. Aucune "possibilité n'est absolue" et toute "utopie" s'inscrit dans cette perspective du possible, de ce qui peut être, et non, de ce qui doit être. Et pour que, ce qui peut être, soit, il faut y croire et y travailler avec méthode et résolution.
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Ainsi, lorsque l'utopie se comprend comme ce qui est de l'ordre du possible, l'utopie prend le sens de système d'idées, de valeur, et d'opinions, né du rejet des rapports existants, pour conduire un idéal clairement affiché et déclaré, ce que Sventokovski A. appelle "un idéal des relations sociales, qui sont les éléments universels les plus partagés sur le plan spirituel". Là où se trouvent la misère humaine, l'injustice, et la souffrance (...) là apparaîtra le besoin de rechercher les moyens d'éradication des sources de ces maux. Dans ce cas, l'utopie devient synonyme d'idéal moral et social ». Nous parlerons d’utopie comme moteur de l’action. , nous nous permettrons de répéter à la suite de J. Szaski, que l'utopie, est seule capable d'édifier un pont entre la réalité concrète vécue (qui peut être non satisfaisante, inacceptable) dans le présent et un idéal souhaité. L’utopie est une démarche éthique, sociale, humaine et humaniste. Et on ne pas être intellectuel dans le sens positif du terme sans nourrir des utopies pour l’humanité, pour sa cité, utopie
comprise dans le sens de Szski J avons- nous précisé !
b_ intellectuel et processus social
Dans le processus social, le rôle de l’intellectuel en tant que guide, en tant qu’éclaireur peut se manifester à trois niveaux, ou de trois manières bien résumées ici par ROUQUETTE M-L :
« Une source donné (un intellectuel, un politique, un homme de média, un chercheur), atteint d’abord certaines personnes (plus averties, plus attentives, plus instruites) qui vont ensuite jouer le rôle de guides d’opinion auprès du public de leur proche
Aux guides primaires succèdent ainsi des guides secondaires, généralement influencés par les premiers, et qui touchent un peu plus tard un public plus éloigné et ainsi de suite
Il arrive que la source atteigne directement et très largement le public qu’elle vise mais que celui-ci se tourne alors vers ses guides internes pour susciter une interaction de proximite16
qui contribuera à la formation de l’opinion17.
Dans le processus de la production ou de la sécrétion de la pensée sociale, pensée sociale comprise dans le double sens de : pensée sociale comme spécificité éventuelle de la réalité sociale, ou comme la réalisation commune de la pensée, et pour autant que la connaissance de cette pensée se manifeste publiquement, se construit ou se corrige à travers les échanges, où l’élite intellectuelle a une place centrale. Serait-il encore nécessaire de démontrer à quel point une fois de plus la place de l’intellectuel dans ce processus est incontournable ? A moins de choisir de laisser le processus mener par les ‘’amuseurs ‘’ comme le dit HUYGUE F-B, on ne saurait répondre par l’affirmative.
Dans ce monde qui est le nôtre, fait de misère, d’ignorance et d’analphabétisme, d’absence de modèle pour la famille, pour les enfants, de déliquescence des valeurs et normes sociales, l’élite intellectuelle béninoise aurait dû avoir pour mission de se prononcer, d’apprécier, d’interpeller,
17 ROUQUETTE M-L. La communication sociale, p 71
de dénoncer tout ce qui se passe dans la cité. L’université africaine, (ce message s’adresse à l’élite intellectuelle africaine, nous croyons), disait une éminence grise de ce continent, ne doit pas être une île de futurs nantis dans un océan d'obscurantisme et de misères". Il s'agit de J. KI ZERBO. Pour pasticher ce penseur nous dirons : l’intellectuel africain ne doit pas être muet dans un océan d’ignorants et d’analphabètes.
Mais exception faite de quelques rares cas qui se sont distingués ou se distinguent assez positivement dans ce tableau gris, nous pouvons dire que l’intellectuel béninois pour le moment est une lumière mise sous boisseau. En cherchant à comprendre les causes de cette situation, nous avons abouti à cette typologie sommaire. Car cette réflexion doit être approfondie par des données tant qualitatives que quantitatives dès que nous en aurons les moyens.
VII_ Typologie du silence
Pour établir une typologie du silence chez l’élite intellectuelle béninoise, il faut au moins un critère
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pertinent capable d’opérer des délimitations au sein de la couche intellectuelle béninoise. Ce critère, nous l’avons eu en nous fondant sur les résultats des entretiens que nous avons eus, soit avec certains intellectuels, soit avec des hommes de médias, c’est dire que ce critère reflète beaucoup plus ce que pense la société, surtout les hommes de médias des intellectuels béninois ces dernières années.
a_ critère mis en œuvre
Ici interviennent deux critères : celui des systèmes de représentation, et de systèmes de motivations. On entend par systèmes de représentation, l’ensemble organisé des informations, des croyances, des attitudes et des opinions qu’un individu ou un groupe élabore à propos d’un objet donné. La représentation est le produit et le processus d’une activité mentale par laquelle un individu reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification spécifique. Cette définition que nous donne ABRIC, nous permet donc de dire qu’il s’agit ici de la représentation de la société sur les intellectuels souvent confondus, à tord ou à raison, aux universitaires.
En ce qui concerne la motivation, elle sous-tend chaque comportement de l’individu. Elle peut être explicite ou implicite, la motivation apparaît comme le moteur de l’action, du comportement, qui est analysé comme la résultante des forces qui s’exercent sur l’individu à un moment donné, et vise surtout à réduire les tensions causées, à satisfaire les besoins engendrés par le système des forces externes et internes, positives ou négatives auquel il est soumis. Ainsi, notre travail de synthèse des groupes ou types identifiés se présente comme suit :
a_ le silence de camouflage :
À cette classe appartiennent les intellectuels qui ont décidé de mettre en application, et ce, en toute honnêteté, le dicton de chez nous qui dit : « Qui veut vivre longtemps, vit caché » C’est la stratégie de la chenille qui se cache sous les feuillages afin de ‘’devenir papillon’’. Alors ne rien dire, pas parce qu’on n’a rien à dire, mais parce que dire pourrait empêcher de couler une vie tranquille. Il s’agit en fait d’un mode de vie, une culture de vie.
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b _ le silence d’indifférence
Faire jouer son droit à l’indifférence face au droit d’ingérence, qui constitue une attitude humaniste en face d’une situation dangereuse, tel est le credo de cette tranche de l’élite intellectuelle. Elle se transforme en spectateur de la vie sociale, et jamais ne veut point descendre dans l’arène de l’action. De l’avis des hommes de médias, une bonne partie des intellectuels appartient à cette catégorie. Elle est socialement indifférente. Rien ne les émeut.
c_ le silence d’allégeance :
Nous avons été surpris de constater qu’à plus de 80% les hommes de médias interrogés classent la plupart des intellectuels dans cette catégorie. Ils considèrent que dans une ambiance de pauvreté généralisée, l’intellectuel béninois n’a que son silence à vendre pour ne pas s’aliéner ses relations sociales qui pourraient lui garantir quelques ristournes. Se taire pour se garantir la faveur des gouvernants par exemple est une pratique bien connue chez nous au
Bénin. Cette catégorie se serait beaucoup accrue ces cinq dernières années, avec la politisation à outrance de la vie, même professionnelle.
d_ le silence de désenchantement
Ils sont les déçus du système social. Relativement peu nombreux, ils avaient de grands rêves, les exprimaient, y travaillaient , et du jour au lendemain, se sont vus taxés de « tarés»de«médiocres»oude« réactionnaires » ou encore de « théoriciens » Leur silence est une réaction compréhensible. Il s’agit d’une réaction d’amour propre blessé. Une sorte de négation de leur qualité intrinsèque d’intellectuel. Alors, ce silence prend le sens d’un défi : « laissons-les faire et nous apprécierons », c’est ce qu’ils ont tenté de dire.
e_ le silence du doute
De l’avis de nombreux hommes de médias, les intellectuels béninois manquent d’assurance, d’originalité et même de pertinence. Dans ces conditions, le silence de l’intellectuel dans le débat social apparaît comme le
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seul moyen de cacher ses insuffisances sur le plan du savoir et du savoir-faire. La peur de l’erreur, de la faute qu’on pourrait commettre induit donc le silence du doute. C’est l’application pure et simple de la formule :’’ en cas de doute, mieux vaut s’abstenir’’
f_ le silence de résignation
A cette catégorie appartiennent tous les intellectuels, qui pour une raison ou une autre (fonction dans l’administration, poste stratégique etc) sont tenus d’observer une obligation de réserve. Les fonctionnaires de l’état par exemple ne peuvent pas s’exprimer aussi facilement sur tous les sujets, même s’ils en ont la compétence. A ceux-là nous pouvons ajouter ceux qui sont mis sous embargo par les hommes de médias pour une raison ou une autre, à tord ou à raison. Certains hommes de médias pensent par exemple que ce type est constitué d’intellectuels capables d’exprimer une idée au cours d’un briefing, et tout autres choses au cours de la réalisation d’une interview par exemple. Ceci pour les hommes de médias serait une marque d’instabilited’opinion. D’où l’embargo qu’on leur impose en retour
Conclusion
A la suite de cette réflexion sur le silence, nous pouvons dire ensemble avec Jacques Durand que : « Le passage de la communication à la non communication, c’est à dire de la parole au silence, est un phénomène qui a une place dans la théorisation de
la communication. » Nous disons ensemble
avec ce chercheur que : « Le silence loin d’être un temps mort vide de sens, peut être un moyen de communiquer, de transmettre un message. Le silence n’a pas de sens en lui-même, il prend un sens en relation avec des éléments sous-jacents. » C’est ce que nous avons essayé d’appliquer à l’analyse du silence de l’élite intellectuelle béninoise et qui nous a permis de comprendre que dans les divers types de silence de l’élite intellectuelle béninoise, se cache des significations, du sens que des analyses plus pointues pourront révéler
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M-L.