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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 10:00

                   Leadership francophone : décomplexer les acteurs

 

Il existe certainement une multitude de définitions à la notion de leader. Mais pour nous un leader est le meilleur représentant d'une cause, le meilleur défenseur de ladite cause, et un rassembleur d'hommes susceptibles de partager sa vision et ses aspirations profondes. Il est un meneur, dans le sens très positif du terme. Un leader est un  visionnaire, convaincu, intrépide et un homme d'action. Il incarne à la fois vision, conviction et action concrète.

De ce point de vue, nous excluons, de cette catégorie  de personnes,  les chefs d'Etats et de gouvernements, qui ne sont "leaders" que, parce qu'ils ont par le hasard de la vie, eu le privilège de se retrouver à la tête d'un Etat membre de la francophonie. La plupart d'entre eux n'ont qu'une approche opportuniste de la francophonie, comme un élément de préservation des "bonnes relations d'amitié" entre untel pays et le leur. Et, plus rien d'autre.

Un leader incarne à un moment donné les grandes causes, les grandes aspirations d'un groupe d'individus, d'un peuple, d'une nation ou simplement de l'humanité. Un tel leader, nous le voyons dans le modèle à nous donné par l'histoire encore récente des Etats Unis d'Amérique, en la personne du regretté King M. L. qui a fait un rêve pour l'Amérique. Nous rêvons d'un tel modèle de leader pour la Francophonie.

" Je fais un rêve..." Ce discours désormais historique, était adressé à des milliers de manifestants devant le Lincoln Mémorial, lors de la marche sur Washington en août 1963. Il y a de cela une quarantaine d'années, lorsque la voix de King M. L. s'élevait dans cette foule l'Amérique pratiquait ni plus, ni moins l'apartheid, une politique ségrégationniste. Les noirs, fils  d'anciens  esclaves ne pouvaient aller dans le même  établissement d'enseignement, ni dans le même restaurant. Dans les transports publics il y avait, réservées pour les Américains blancs leurs, et aux noirs les leurs... Une mesure qu'une femme osa braver un jour, une journée assez froide et de dur labeur du mois de décembre 1955. C'était l'affaire Rosa Parks, à Montgomery dans l'Alabama... Aujourd'hui l'Amérique change. Le rêve se réalise. Et même si la terre promise n'est pas encore atteinte, King M. L. a donné la leçon, tracé la voie, et posé les premiers pas sur ce chemin qui est celui de la lutte pour la conquête des droits civiques. King M. L a fait un beau rêve et y a cru et le rêve est devenu réalité. On peut affirmer aujourd'hui, que le " je rêve que, un jour, sur les rouges collines de Georgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d'esclaves pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité" est en train, même à petits pas, de s'accomplir aux Etats Unis d'Amérique. Mais pour cela, il a fallu, mobiliser, organiser, théoriser et vulgariser l'idée de la lutte. Et il a fallu quelqu'un pour le faire et ce fut King M. L. qui certes, a continué un combat entamé par ses aînés. Mais il a su cristalliser et incarner le rêve de tous. 

Nous ne nous sommes pas trompé de sujet. Nous avons voulu montrer par cet exemple, historique et célèbre, ce qui manque à la francophonie. Il lui manque un ou des hommes de grandes convictions. Nous avons tendance à confondre, ces petits et grands  fonctionnaires, que nous osons appeler « agents froids », calculateurs uniquement soucieux de leurs petits intérêts, très habiles à jouer le jeu, même sans conviction la plupart du temps, tant que leur sont garantis les francofrics. Ils ne connaissent que les chiffres. Ils en raffolent mais ne peuvent formuler de manière cohérente un discours clair sur la pensée francophone, sur la finalité de leurs actions. Nous sommes tentés de dire qu'ils sont incapables de penser "la pensée francophone", de l'internaliser. Malheureusement, ils sont les plus nombreux pour le moment. Ils arpentent les escaliers des instances de la francophonie, sont les plus assidus aux réunions, aux forums francophones, sont inscrits sur les listes de nombres d’associations et d'organisations nationales et ou internationales francophones, sont entre deux avions mais sont rarement disponibles à soutenir et à défendre ouvertement le projet francophone. A cela, une explication  aussi simple qu'incompréhensible: « Le complexe du colonialisme », qui selon le cas amènerait les uns à croire qu'ils seraient traités de  « nostalgiques d'un passé glorieux révolu », et les autres comme des  « complices, des valets locaux de. » Si ce complexe était encore compréhensible pendant la colonisation et au lendemain des indépendances, aujourd'hui, il ne l'est plus quand on sait que la famille   francophone s'élargit d'année en année et que les Sommets de chefs d'Etats et de gouvernements ont atteint le chiffre " magique de 9", après le dernier qui s'est tenu au Liban en octobre 2002 et qui aurait connu la participation de cinquante - cinq Etats.

L'absence de leadership clairement affiché pour la francophonie est donc le deuxième grand handicap à la réalisation de ce grand projet humain et humaniste dont les germes ont été semés par L. S. Senghor, après l'inexistence d'une pensée, d'une philosophie claire de l'action francophone. Ainsi, jusque - là, au sein de la francophonie, une sorte de " stratégie de l'abeille" est mise en œuvre. Dans cette situation on ne doit pas s'étonner d'avoir autant d'architectes du projet, que de membres participants à la francophonie. Chacun y va avec sa vision (sa confusion), ses objectifs et ses intérêts qu'il ne prend point la peine d'exposer. Voyez, ô combien laborieuse fut la désignation d'un nouveau Secrétaire Général à la tête de la francophonie ! Quels ont été les critères qui ont milité en faveur de l'un ou de l'autre ? Quelle est la vision de l'élu sur la francophonie ? Avec qui l'a-t-il partagée ? Et lorsque le perdant. parle d'opacité dans le choix du candidat qu’y a-t-il vraiment de nouveau ?   Cette opacité est la principale "qualité" de la francophonie qui à la limite demeure une chose pour initiés, pour experts et politiciens de la haute sphère.  Notre vision de la francophonie est tout autre. Elle devrait être pour tous, pour tous les peuples avec leurs  différences. Cette  différence, nous la voyons comme une différence dans la transparence. Nous la  voyons, la francophonie comme un grand orchestre symphonique, qui selon les mots de Souty J  est :

«  Une mise en commun des talents personnels, un effacement des intérêts particuliers au profit de la réalisation d'un idéal artistique collectif »65

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



65 In Sciences Humaines n° 129 Juillet 2002, p. 48

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